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L’exposition « Le Wax » au Musée de l’homme, je te partage mon expérience

6 Mar, 2025 | Actualités, Tissu Africain

Le 14 février, jour de la Saint-Valentin, mon mari m’a fait la surprise de m’emmener au Musée de l’Homme à Paris pour visiter l’exposition sur le Wax. Je vous avoue que je n’étais pas emballée plus que ça par cette activité, car je suis une fervente défenderesse des tissus traditionnels africains, mais je me suis dit : « Why not ?! » J’ai mis de côté mes principes afin d’explorer ce sujet épineux qu’est le wax, ce tissu controversé.

Les origines du wax ne sont pas si lointaines, elles remontent à la guerre d’Indonésie (1945-1949) qui opposait la Hollande à l’Indonésie. Cette dernière, alors colonisée par les Hollandais, souhaitait prendre son indépendance, ce qui a entraîné la guerre. Pour soutenir l’effort de guerre, les Pays-Bas ont fait appel à des mercenaires ghanéens, mais malgré cela, ils ont essuyé une défaite. Pour remercier ces mercenaires, les Hollandais leur ont offert du tissu batik originaire d’Indonésie. De retour chez eux, ce tissu a remporté un succès fou auprès des Ghanéens, qui en ont redemandé. Flairant une belle opportunité, les Hollandais ont monté leur propre usine et ainsi est né le wax.

Connaissant cette histoire sordide sur fond de guerre et de colonialisme, j’ai pris le parti de m’éloigner de ce tissu afin de valoriser le bogolan et son merveilleux héritage, bien que le wax soit bien plus en vogue ! Je me suis rendue à cette exposition pleine d’a priori, persuadée que je serais déçue.

Ce qui m’a frappée, ce n’est pas tant la beauté du wax ni ses couleurs flamboyantes, mais l’âme qui l’habite ! Il y a toute une dimension culturelle que je ne mesurais pas. Le wax n’est certes pas africain, mais les Africains se le sont approprié. Tout comme les tissus ancestraux, il est présent à chaque étape importante de la vie. Lors d’une naissance, il est offert à la jeune maman ; lors d’un mariage, il est porté en « uniforme » pour identifier les proches de la mariée et ceux du marié ; et lors d’un décès, on porte un wax aux couleurs neutres ou à l’effigie du défunt.

Mais ce n’est pas tout, certains wax transmettent des messages, tout comme le bogolan ! Il y a le wax « Fleur de mariage » pour célébrer une union, le wax « Femme capable » qui rend hommage aux maris prenant soin de leur femme, ou encore le wax « L’œil de ma rivale » qui provoque une femme convoitée par le mari de celle qui le porte. Autant d’appellations qui témoignent de l’appropriation de ce tissu par la communauté.

Le wax a également été un symbole d’émancipation, notamment dans mon pays d’origine, le Mali, durant la période des indépendances. Un vent de renouveau soufflait sur le continent dans les années 60, et cette liberté nouvelle inspirait la jeune génération. Leur tenue en wax s’occidentalisait, et ils faisaient la fête au rythme des danses européennes et cubaines. Une jeunesse militante, pleine d’espoir et d’un renouveau prometteur.

Le wax n’est pas seulement porté lors de festivités ! Il revêt aussi une dimension politique et religieuse. En Afrique centrale, notamment lors des élections présidentielles, les citoyens qui plébiscitent un candidat revêtent une tenue en wax à son effigie ! Le pape Jean-Paul II lui-même avait un wax à son effigie lors de sa venue au Zaïre (l’actuelle République Démocratique du Congo) dans les années 80 pour lui souhaiter la bienvenue.

Ce qui m’a définitivement chamboulée, c’est une ribambelle de wax exposés en hauteur, qui avaient eu un fort succès dans les années 90 et qui étaient présents dans la garde-robe de ma défunte maman. Cela m’a rendue extrêmement nostalgique, au point d’en avoir les larmes aux yeux. J’ai compris que, qu’on le veuille ou non, le wax fait partie de notre histoire.

En fin de parcours, l’exposition se conclut par un tableau présentant les différents tissus ancestraux provenant des quatre coins de l’Afrique, comme pour redonner à l’héritage africain sa place légitime à travers nos véritables étoffes. On y trouve le bogolan du Mali, le raphia du Congo, le kenté du Ghana, le ndop du Cameroun, etc.

Pour conclure, j’ai trouvé cette exposition très intéressante mais incomplète ! Elle raconte une histoire, celle du wax, ce tissu européen qui a trouvé toute sa place dans la communauté africaine. En revanche, elle ne mentionne pas sa genèse et son passé colonial. Peut-être est-ce une volonté de dissimuler son côté sombre ? J’ai également trouvé dommage qu’il n’y ait pas de véritables tissus africains exposés, seulement de simples photos qui ne reflètent pas leur beauté et leur authenticité. Sur ces deux points, je suis restée sur ma faim…

Si tu souhaites visiter cette exposition, tu trouveras ci-dessous les informations utiles.

Exposition le Wax au Musée de l’Homme

17 Place du Trocadéro, 75016 Paris

Du 5 février au 7 septembre 2025

De 11 h à 19 h

Tarif : De 12 à 15 €

Écrit par Kénaba Diarra

Créatrice d’ECK Collection, une marque de prêt-à-porter qui sublime le bogolan, ce tissu africain emblématique, à travers des pièces uniques et contemporaines.