Lorsqu’on crée avec passion, il est essentiel de se reconnecter à ses racines.
C’est ce que j’ai vécu, je n’avais jamais été en vacances au Mali. À chaque fois que j’y avais été c’était pour un évènement tragique. J’avais ce besoin profond de reconnexion et d’en apprendre plus sur la culture malienne qui est si riche !
Avec une histoire tellement dense à travers les siècles. Ma visite au Musée National du Mali, un lieu de mémoire, de savoir et de transmission exceptionnelle était incontournable.
J’y suis allée accompagnée de ma sœur, en plein cœur de Bamako, perché dans un écrin de verdure, avec une soif de découverte, et j’en suis ressortie profondément touchée, remplie, inspirée.
Nous avons commencé la visite par l’exposition temporaire sur les textiles traditionnels du Mali. Et quelle claque !
Le bogolan, bien sûr, mais aussi le tissage peulh (les bandes de Kaasa), la laine, les teintures naturelles à base d’écorces, de feuilles et d’argile, les outils ancestraux, le coton tissé, les photographies historiques… Tout était là. Documenté, mis en valeur, expliqué avec soin. Il y avait même des étoffes mises sous verres qui dataient du 11ème et du 12ème siècles.
J’étais émue de voir à quel point ces gestes, ces savoir-faire que je cherche à honorer à travers mes créations ECK Collection, sont le fruit de siècles d’ingéniosité, de techniques et de recherches.
Chaque motif, chaque couleur, chaque geste raconte une histoire. Ce sont des pages de notre patrimoine textile qui méritent d’être lues, comprises, transmises.
Et puis, il y a eu un moment fort : l’hommage à Chris Seydou, ce grand styliste malien qui a introduit le bogolan sur les podiums du monde entier. J’ai ressenti un profond respect pour cet homme qui a fait de ses racines un trésor de créativité à travers le bogolan. C’est ce que j’essaie de reproduire à mon échelle.
Autre temps fort de la visite : l’espace dédié à Ali Farka Touré, immense chanteur et guitariste malien à la renommée mondiale décédé en 2006 à l’âge de 66 ans.
À travers des objets personnels, des photos, des instruments, des extraits sonores, on découvre l’homme derrière la légende.
Sa musique, ancrée dans la tradition mandingue puisqu’il chantait aussi en bambara, songhaï, peul et en touareg, a voyagé sur toutes les scènes du monde (Europe, Etats-Unis, Japon, etc…). Titulaire de 3 Grammy Awards, il incarne la preuve que l’on peut rester fidèle à ses racines tout en touchant l’universel.
J’ai découvert un homme extrêmement engagé, que soit artistiquement, politiquement et même humainement car durant un temps, il a été Maire de Niafunké son village d’enfance au Mali. Ali Farka Touré a également créé une fondation qui a pour but d’organiser un festival biannuel de jazz à Niafunké et créer un centre de formation de jeunes artistes en instruments traditionnels locaux. À ma façon, moi aussi je cherche à faire rayonner le Mali, à travers le textile et le vêtement. Comme lui, je crois au pouvoir de l’art pour raconter, pour relier, pour élever.
Nous avons aussi exploré une autre partie du musée National du Mali, tout aussi fascinante.
Une salle entière dédiée aux masques rituels, sculptures en bois, objets sacrés utilisés dans différentes régions du Mali : Dogon, Bambara, Sénoufo… Un vrai voyage à travers les cultures et les croyances du pays.
Et là… un moment d’émerveillement : une réplique à l’échelle de la grande mosquée de Djenné, ce chef-d’œuvre architectural en banco classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Se retrouver face à cette réplique, en plein cœur du musée, c’était comme toucher un morceau d’histoire.
Dans ce musée, tout est pensé pour que l’on ressente, que l’on comprenne, que l’on honore.
Après toutes ces émotions, nous avons profité du restaurant du musée, avec une merveilleuse vue sur le jardin.
Une vraie belle surprise ! On y sert des plats du jour typiquement africains, savoureux, généreux, cuisinés avec amour. Malheureusement, arrivés trop tard pour profiter de ces délices, nous avons bu un verre pour partager nos ressentis sur ces moments qui resteront gravés en nous.

Et le jardin du Musée National du mali
Quelle quiétude ! Un lieu parfait pour déconnecter, discuter, digérer (au sens propre comme au figuré 😄), tout en admirant les arbres, l’architecture, et les petits oiseaux qui chantent.
Avant de partir, j’ai acheté un livre dédié aux textiles maliens, véritable trésor d’informations, de photos et de récits.
Ce livre va m’accompagner dans mes prochaines collections. Il m’aide à mieux comprendre l’origine de chaque tissu et des éthnies qui le portait. Il alimente mon envie de créer en conscience, dans le respect des traditions tout en y apportant ma touche contemporaine.
Le Musée National du Mali, c’est bien plus qu’un musée. C’est un espace de reconnexion, un lieu de mémoire vivante, un endroit où l’on ressent l’âme du pays. Que l’on soit Malien, passionné d’Afrique, amateur d’art, ou simplement curieux, on y trouve de quoi nourrir l’esprit et le cœur.
Et pour moi, en tant que créatrice de ECK Collection, cette visite a été bien plus qu’une sortie culturelle.
Elle a été un retour à la source. Une piqûre de fierté. Une bouffée d’inspiration et un rappel essentiel : créer, c’est transmettre.
Merci à ce musée, au directeur du musée qui nous a permis de prendre des photos et vidéos, aux guides, à ceux qui conservent et partagent ces savoirs et si vous passez par Bamako, vous savez où aller…